L'aérodrome grouille de C.R.S. Ben Bella a compris

Ima6.bmp (148906 octets) Une chaude après-midi de dimanche, au Gouvernement général désert, à Alger. Robert Lacoste, le ministre, est en France où il est allé s'informer. Michel Gorlin, directeur du cabinet civil, et le Lieutenant-colonel Branet, chef du cabinet militaire, sont dans le même bureau à l'écoute des radios de Rabat et de Tunis. On leur apporte les dépêches des téléprinters de l'A.F.P. Le Sultan est en train de s'embarquer à Rabat. Les cinq représentants du F.L.N. doivent suivre dans un deuxième avion. Or le contrôle aérien et le pilotage d'Air Atlas sont encore assurés -par des Français. Pourquoi ne pas détourner l'avion de Ben Bella sur Alger et capturer la délégation extérieure? Gorlin appelle Robert Lacoste, lui expose le projet, { Mes vœux vous accompagnent », répond seulement le ministre. Dès lors, le téléphone se déchaîne au Gouvernement général. Pour éviter le contrôle aérien d'Alger, l'avion a eu pour consigne de faire le détour par les Baléares et de faire de l'essence à Palma. C'est en plein vol que tout se décide. Le pilote contacté par le contrôle français ne veut pas
que sa famille à Rabat soit prise en otage. Le S.D.E.C.E, embarque en toute hâte sa femme et ses enfants dans un avion de nuit. Mais pour l'appareil de la délégation extérieure, le trajet pour Alger est beaucoup plus court que pour Tunis. Pour la vraisemblance, il lui faut décrire de larges cercles pour tuer le temps. La lune passant de babord à tribord risque d'alerter et Ben Bella est armé. L'hôtesse est chargée de distraire les passagers. L'avion se pose dans la nuit à Alger-Maison-Blanche, grouillant de C.R.S, et de gendarmes. Ben Bella comprend tout de suite.
- On ne peut pas faire confiance aux Français, dit-il avec colère. Une captivité allant de prisons en châteaux commence pour lui et ses compagnons. Il y aura le loisir d'écrire une longue diatribe contre le C.C.E. et le Congrès de la Soummam, où il développe sa théorie de la légitimité. Seuls à ses yeux, les neuf chefs { historiques » qui ont déclenché la rébellion le Ier novembre 1954 ont voix au chapitre. Même ceux qui se trouvaient à cette époque emprisonnés ne sauraient prétendre à cette auréole, et moins encore les politiciens qui ont tardivement rejoint. Cela vise Abane, et évidemment les ralliés de plus fraîche date. A l'époque où il formule cette règle, il ne reste plus en vie ou en activité que deux des chefs de willaya primitifs, Krim Belkacem et Ben M'Hidi. Ce dernier ne tardera pas à disparaître. La querelle de la légitimité ira jusqu'aux ultimes conséquences quand Ben Bella, libéré, défiera le G.P.R.A. On en est loin. Pour l'immédiat, Guy Mollet n'a pas avancé d'un pas. Il a multiplié les contacts plus ou moins discrets avec le F.L.N. à Rome, au Caire, à Belgrade. Il est vrai que les émissaires n'ont jamais été ceux du gouvernement français. Seulement du parti socialiste. Du côté F.L.N., on s'est borné à réclamer la reconnaissance du préalable de l'indépendance. De sorte qu'il n'y aurait pratiquement rien à négocierl Or le pétrole a jailli à Hassi-Messaoud en juillet. Il ajoute un élément de discussion à l'essentiel :le statut des Français dans l'Algérie de demain. Rien ne peut aboutir dans ces conditions. La guerre s'intensifie. On arraisonne, le 16 octobre au large d'Oran, 1'Athos », un bateau bourré d'armes tchèques. Le 28 décembre, Amédée Froger, maire de Boufarik, président de la Fédérafion des maires, est assassiné. La bataille d'Alger va se déchaîner. .
La capture de   l'État Major rebelle.
Ben Bella, Khider, Lacheraf (caché par le prince Moulay Hassan ), Ait Ahmed et Boudiaf s'embarquent à Rabat, direction Tunis.
le 22 octobre 1956, Dans la nuit, l'avion, détourné sur Alger, se pose à Maison Blanche.
Ils sont arrêtés.
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